Comme les autres villages sur la Haute-Rouge, La Macaza nait dans les années 1880. Plus précisément, c’est vers 1886 que le premier colon, Léon Ouellette, se serait installé sur le territoire qui deviendra plus tard celui de la municipalité de La Macaza. Quelques colons suivront son exemple dans les années suivantes, mais il faut attendre 1893 et l’arrivée du train à Labelle pour constater un véritable enthousiasme pour la colonisation de La Macaza. En 1895, ce sont pas moins de 68 lots qui sont ouverts à la colonisation et 29 familles s’y établissent. L’année suivante, en 1896, on compte déjà entre 50 et 60 habitants.
Cette première vague de colonisation, essentiellement d’origine canadienne-française, est suivie d’une deuxième qui fait office de cas d’exception dans la colonisation des Hautes-Laurentides. En 1891, est fondée à Paris la Jewish Colonisation Association par le baron Maurice de Hirsch. Sa mission : faciliter l’immigration des juives et juifs d’Europe de l’Est qui sont alors les victimes de plusieurs actes violents, dont des pogroms, motivés par l’antisémitisme. L’organisme Young Men’s Hebrew Benevolent Society de Montréal, qui s’occupe de gérer le programme au Canada, obtient ainsi des concessions à La Macaza dans le but de les distribuer à des familles d’origine juive fuyant les persécutions de l’Europe.
En 1899, ce sont 6 familles d’origine juive qui s’installent à La Macaza. Ils obtiennent 750 acres sur les rives de la rivière Macaza et s’y établissent. De 1901 à 1911, ils sont rejoints par d’autres familles juives venant de l’Europe de l’Est, environ une cinquantaine. La colonisation juive de La Macaza connait toutefois un coup dur en 1903 : un feu de forêt ravage les deux rives de la rivière Macaza. Les colons juifs sont particulièrement touchés et, face à la destruction de leur ferme, plusieurs prennent la décision de retourner à Montréal.
Les colons d’origine canadienne-française continuent de peupler le territoire de La Macaza. L’aventure est maintenant facilitée puisque le chemin de fer se rend jusqu’à L’Annonciation, en passant par La Macaza, depuis 1903. Mais en plus d’un afflux de colons, le train permet surtout d’exporter des marchandises vers les marchés extérieurs. C’est le début du développement de l’industrie au village. Bien que des moulins à scie existassent déjà (Philas Charbonneau en construit un dès 1894), plusieurs autres ouvrent alors leurs portes à ce moment, flairant la bonne opportunité. Le village devient aussi un centre important dans la production et l’exportation du charbon de bois, Joseph Caron opérant une vaste entreprise d’exportation de charbon de bois qui exporte jusqu’à la production de Saint-Jean-sur-le-Lac, à l’ouest de la rivière du Lièvre.
Parallèlement au développement de l’économie, le village prend de l’expansion et, vers le début du 20e siècle, il devient pertinent de se doter des institutions permettant la vie moderne. Dès 1897, une commission scolaire et une première école, qui habite aujourd’hui La maison de la culture, sont mises sur pied. En 1903, on construit la première église en prévision de l’établissement de la paroisse, nommée Notre-Dame-du-Divin-Pasteur, qui survient en 1904 (puis érigée canoniquement en 1921). En 1908, le territoire est pour la première fois organisé en municipalité lorsque La Macaza s’associe à L’Annonciation pour créer la municipalité du canton Marchand.
En 1929, la crise économique débute et l’industrie du bois est fortement impactée. Une partie importante de l’économie de La Macaza est alors durement frappée. Le village avait toutefois commencé une certaine diversification de son économie vers le milieu touristique. La Macaza était alors avant-gardiste à ce niveau, la plupart des autres villages de la région opérant ce virage après la Seconde Guerre mondiale. C’est majoritairement grâce à la communauté juive que ce virage s’amorce. Alors que les colons canadiens-français vont travailler au chantier pour aller chercher un revenu d’appoint, la communauté juive décide plutôt de profiter de la nature sauvage de La Macaza pour développer une industrie d’hôtellerie et de villégiature. Si au départ on accueille les vacanciers au sein de la résidence familiale, il n’est pas long avant de voir plusieurs hôtels ouvrir leurs portes au village et dans les rangs environnants. C’est aussi durant cette période que le village devient suffisamment développé pour devenir une municipalité à part entière et en 1930 on se détache de la municipalité du canton Marchand pour devenir municipalité de La Macaza.
Durant l’après-guerre, et particulièrement suivant les années 1970, l’économie de La Macaza continuera de s’éloigner de l’industrie forestière, toujours plus fragile, pour se concentrer sur l’industrie touristique et, surtout, l’industrie des services. La Guerre froide est alors en cours, le monde est dans la peur constante de l’anéantissement nucléaire. C’est dans ce contexte qu’on ouvre la base militaire de La Macaza. De 1952 à 1972, on y retrouve une base militaire canadienne. En 1973, le collège Manitou prend la relève de la base militaire jusqu’en 1976 et en 1978 on ouvre un pénitencier fédéral sur le site. L’hôpital des Laurentides, ouvert officiellement à L’Annonciation (Rivière-Rouge) en 1962, contribue aussi à fournir des emplois dans le secteur tertiaire.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, le village de La Macaza a donc amorcé un virage certain vers l’économie touristique et l’économie des services, délaissant peu à peu l’industrie forestière qui, de toute façon, bat de l’aile. Les emplois gouvernementaux occupent une place importante via l’hôpital des Laurentides et le pénitencier fédéral de La Macaza. En 2003, La Macaza revient brièvement dans la même municipalité que L’Annonciation lors de la création de la ville de Rivière-Rouge (fusion de Sainte-Véronique, L’Annonciation, Canton Marchand et La Macaza) avant de redevenir une municipalité indépendante en 2004 à la suite d’un référendum.