1835
1880
1898
1945
L’histoire des premières occupations d’origine européenne sur le territoire de Kiamika s’inscrit dans une constante régionale : les compagnies forestières sont les premières à s’y établir. Dès les années 1830, la compagnie Bowman et Bigelow, établie à Buckingham, identifie le site de la Ferme Rouge, aujourd’hui les environs de l’ile Siebert, comme un lieu potentiel pour y établir une ferme forestière, une vaste exploitation agricole servant à alimenter les bûcherons et les animaux des chantiers environnants. Ce sera la première instance d’établissement permanent dans les environs de Kiamika.
La présence de la Ferme Rouge motivera l’établissement subséquent de colons à proximité. Ces colons, les Thériault et les Valiquette viennent s’y établir de leur propre initiative à titre de colons privés. Toutefois cette situation change dans les années 1880. La Société de colonisation de Montarville, fondée en 1883 par le député de Chambly, Pierre-Basile Benoit, porte son regard sur la future municipalité de Kiamika et l’identifie comme un site au fort potentiel de colonisation, citant notamment les succès agraires de la Ferme Rouge en argument. La Société approche le gouvernement avec le projet et, après discussion, on accorde à cette dernière la gestion de la colonisation dans le canton de Kiamika, en échange de quoi le gouvernement s’engage à faire ouvrir un chemin entre la Lièvre et Nominingue.
Dès lors, la Société a pour mission de mettre en place des établissements agricoles et industriels sur les terres non-établies du canton de Kiamika. Les deux premières années de son existence, elle ne concède des lots qu’à ses membres, pour la plupart originaires du comté de Chambly. Mais en 1885, face au faible nombre de membres faisant des demandes de concession de lot, la Société élargira le programme aux non-membres.
La même année, le gouvernement du Québec achève la construction du chemin Chapleau qui relie Nominingue à Kiamika. La colonisation explose alors sur la rivière du Lièvre. Malheureusement pour Kiamika, pourtant établie avant, c’est Rapide-de-l’Orignal, la future ville de Mont-Laurier, qui bénéficiera principalement de ce mouvement de colonisation.
Toutefois, le peuplement se poursuit à Kiamika et dès la fin du 20e siècle les habitant.es du village entreprennent des démarches pour faire entrer Kiamika dans la modernité de l’époque. On multiplie les demandes auprès de l’archevêque d’Ottawa, Mgr. Duhamel, pour qu’un prêtre soit installé au village et qu’une église y soit construite. Même si ces demandes débutent dès 1888, il faut attendre 1898 pour qu’un premier curé résident y soit installé, l’abbé Joseph-Aimé Lemonde, et un autre quatre ans, soit 1902, pour que l’église soit achevée. Kiamika est alors officiellement une paroisse.
L’année de l’arrivée du curé Lemonde, 1898, marque également la création de la municipalité de Kiamika. La même année que la construction de l’église, 1902, on forme une première commission scolaire pour gérer l’école du village et les écoles de rangs. En entrant dans le 21e siècle, la petite localité de Kiamika est maintenant officiellement un village à part entière avec sa paroisse, son statut municipal et ses institutions publiques.
Dès ses origines, l’économie du village est tournée vers l’industrie forestière. Le premier moulin à scie dans la région de la Haute-Lièvre est ouvert près du village par Victor Dufort, dès 1886, et les premières années du développement verront naitre plusieurs autres moulins à scie, chantiers de jobbers (sous-contractants des compagnies forestières) et boutiques à bois. La crise économique de 1929 vient mettre un frein à ce rapide développement et, pire, causera un recul de l’économie forestière dans les décennies qui suivent.
Comme pour beaucoup d’autres villages des Hautes-Laurentides, cet effondrement de l’industrie forestière force la municipalité à diversifier son économie vers le secteur touristique. Si les développements du secteur sont lents dans les années 1930 et 1940, ils s’accélèrent à partir des années 1950, motivés par la hausse en popularité de la voiture et de la villégiature. Plusieurs pourvoiries, installées sur le territoire dès la première moitié du 20e siècle, explosent en popularité. Les habitants de Kiamika y trouvent de l’emploi pour faire l’entretien des chalets ou servir de guides de chasse et pêche pour la clientèle. Bien vite, l’industrie touristique devient un poumon économique pour la localité.
Depuis, la municipalité de Kiamika continue de garder cette vocation à mi-chemin entre la foresterie et le tourisme. Plusieurs entreprises forestières y sont toujours en opération et l’industrie touristique s’y porte toujours bien, la municipalité comptant 823 résidents permanents contre 1500 résidents saisonniers.